Dans cet article, Nicolas Guichon étudie le comportement d'étudiants étrangers de niveau Master vis à vis du numérique et questionne nos représentations sur les "digital natives".
Dans un premier temps, Nicolas Guichon constate la présence de plus en plus importante des appareils numériques dans les universités. On peut postuler que la médiatisation de l'espace universitaire modifie les pratiques des étudiants aux niveau social, communicationnel et cognitif.
Il introduit deux concepts :
les littératies numériques, elles impliquent un usage stratégique des outils et des applications numériques pour conduire des activités cognitives, collaboratives et créatives (Peraya, 2000).
l'intercontextualité pour " désigner la relation qui unit un contexte à d'autres contextes .... crée de facto une interdépendance entre différents espaces ... et une fluidité entre les différents moments de la journée". Nicolas Guichon donne les exemples des étudiants qui consultent Facebook pendant les cours ou qui lisent un message de leur professeur dans leurs courriels. Les frontières entre les différents contextes deviennent floues.
La recherche de nature qualitative et exploratoire investigue de quelle façon les étudiants internationaux non francophones de niveau avancé intègre ou non les outils numériques dans ses usages.
Méthodologie : entretien semi-directif auprès de onze étudiants avec trois thèmes, quelle est leur utilisation quotidienne des technologies, leurs habitudes de travail avec les outils numériques et leur utilisation des outils proposés par l’université.
Résultat : pour la majorité des étudiants qui ont participé à la recherche "l'intégration des outils numériques est superficielle et a un impact minime sur les études." L'empan des usages numériques est restreint ainsi que le recours à une gamme limitée d'outils et d'applications (la suite Google, Facebook). L'apprentissage des étudiants se construit de manière informelle.
La fourniture d'un Espace Numérique de Travail (ENT) par l'Université ne suffit pas à développer de réelles littératies numériques pour les étudiants internationaux.
En conclusion, l'assertion selon laquelle les acteurs jeunes sont forcément compétents quant à l'intégration du numérique est battue en brèche et doit être reconsidérée selon les contextes.
Cette première étude qualitative demande des prolongements qui sont indispensables pour une meilleur connaissance des usages numériques des étudiants. Une piste possible serait une série d'entretiens avec les étudiants qui fréquentent les tiers-lieux pour investiguer leurs pratiques, voir un essai dans un article de ce blog.